Épreuve sur texte (Louise Michel) star star
Les filles, élevées dans la niaiserie, sont désarmées tout exprès pour être mieux trompées : c’est cela qu’on veut. C’est absolument comme si on vous jetait à l’eau après vous avoir défendu d’apprendre à nager, ou même lié les membres.
Sous prétexte de conserver l’innocence d’une jeune fille, on la laisse rêver, dans une ignorance profonde, à des choses qui ne lui feraient nulle impression si elles lui étaient connues par de simples questions de botanique ou d’histoire naturelle.
Mille fois plus innocente elle serait alors, car elle passerait calme à travers mille choses qui la troublent : tout ce qui est une question de science ou de nature ne trouble pas les sens.
Est-ce qu’un cadavre émeut ceux qui ont l’habitude de l’amphithéâtre ? Que la nature apparaisse vivante ou morte, elle ne fait pas rougir. Le mystère est détruit, le cadavre est offert au scalpel.
La nature et la science sont propres, les voiles qu’on leur jette ne le sont pas. Ces feuilles de vigne tombées des pampres du vieux Silène ne font que souligner ce qui passerait inaperçu.
Les Anglais font des races d’animaux pour la boucherie ; les gens civilisés préparent les jeunes filles pour être trompées, ensuite, ils leur en font un crime et un presque honneur au séducteur.
Quel scandale quand il se trouve de mauvaises têtes dans le troupeau ! Où en serait-on si les agneaux ne voulaient plus être égorgés ?
Louise Michel Mémoires, 1886.
quizQuestions du QCM
- 1 Quel est, selon vous, le thème principal de cet extrait ?
- 2 Louise Michel fut :
- 3 « Elle passerait calme à travers mille choses qui la troublent. » Pourquoi ?
- 4 « Quel scandale quand il se trouve de mauvaises têtes dans le troupeau ! » Quel adjectif qualifie le mieux le ton de cette phrase ?
- 5 Quel est le temps et le mode des verbes « qu’il y eût un sexe pour lequel on cherchât... » ?
- + 11 questions
linkLiens utiles
- « L'homme, interprète et ministre de la nature, n'étend ses connaissances et son action qu'à mesure qu'il découvre l'ordre naturel des choses, soit par l'observation soit par la réflexion ; il ne sait et ne peut rien de plus. » Bacon, Novum Organum, 1620
- Le critique Sainte-Beuve a écrit (Nouveaux Lundis, tome IX, 7 décembre 1864) : « Où est-il le temps... où l'impression de la lecture venait doucement vous prendre et vous saisir?... Heureux âge, où est-il? et que rien n'y ressemble moins que d'être toujours sur les épines comme aujourd'hui en lisant, que de prendre garde à chaque pas, de se questionner sans cesse, de se demander si c'est le bon texte, s'il n'y a pas d'altération, si l'auteur qu'on goûte n'a pas pris cela ailleurs, s'il
- Michel Leiris défend le caractère poétique de son oeuvre Langage, tangage ou ce que les mots me disent (texte D) auprès de son éditeur qui refuse de publier le manuscrit dans sa collection des Poètes d'hier et d'aujourd'hui. Vous rédigerez la discussion qui les oppose, en vous référant également, si vous le jugez bon, à d'autres textes et à d'autres auteurs ?
- Explication de texte, Michel Leiris, Nature et Culture
- Le droit est-il fondé sur la nature des choses ou sur la volonté du législateur ?